Une fonction encore mystérieuse, mais déterminante pour notre santé : Nous passons près d’un tiers de notre vie assoupi. Mémoire et apprentissage, métabolisme, immunité… même si beaucoup d’hypothèses doivent encore être confirmées, et si d’autres ne manqueront pas d’être formulées, il est parfaitement établi que le sommeil est crucial pour de nombreuses fonctions biologiques. L’enjeu est de taille : la fréquence des troubles du sommeil, qui touchent une part importante de la population, a augmenté ces dernières décennies. Elle interroge l’évolution à venir de notre état de santé.
Le sommeil, c’est quoi?
Le sommeil correspond à une baisse de l’état de conscience qui sépare deux périodes d’éveil. Il est caractérisé par une perte de la vigilance, une diminution du tonus musculaire et une conservation partielle de la perception sensitive.
Schématiquement, le sommeil correspond à une succession de 3 à 6 cycles successifs, de 60 à 120 minutes chacun. Un cycle est lui-même constitué d’une alternance de sommeil lent et de sommeil paradoxal, correspondant chacun à une activité cérébrale différente mise en évidence par électroencéphalographie (EEG) : sur le tracé, les ondes électriques qui parcourent le cerveau et qui témoignent de l’activité neuronale ont un aspect différent selon la phase de sommeil. Lors de la phase d’éveil, par exemple, elles sont courtes et fréquentes.
Le rythme de sommeil varie en premier lieu au cours d’une même nuit : schématiquement, les premiers cycles sont essentiellement constitués de sommeil lent profond, tandis que la fin de nuit fait la part belle au sommeil paradoxal. Et si la nuit précédente a été mauvaise, le sommeil lent sera d’autant plus profond la nuit suivante.
Le sommeil varie également au cours de la vie : le sommeil lent est plus profond durant la croissance, jusque vers l’âge de 20 ans environ. A mesure que l’on vieillit, celui-ci devient minoritaire et laisse la place à un sommeil lent, plus léger, expliquant l’augmentation des troubles du sommeil avec l’avancée en âge. Parallèlement, le sommeil paradoxal est plus long dans les premières années de vie. Sa durée se réduit à l’âge adulte.
Enfin, la quantité nécessaire et la qualité de sommeil varient grandement d’une personne à l’autre. L’environnement, l’hygiène et le rythme de vie jouent un rôle sur la capacité à dormir et bien récupérer lors d’une nuit de sommeil. La génétique aiderait quant à elle à différencier les lève-tôt des couche-tard, ou les gros des petits dormeurs. Les petits dormeurs présenteraient notamment des phases de sommeil léger très courtes. Mais quelle que soit la durée de sommeil nécessaire à chacun, celle du sommeil profond serait relativement constante, tandis que les durées de sommeil léger et de sommeil paradoxal varieraient.
L’hygiène du sommeil aussi est importante :
- Respecter des horaires réguliers de sommeil ;
- dormir sur une bonne literie, dans une chambre sans ordinateur ni télévision, réservée au repos, dans le noir et le silence, à température modérée ;
- éviter les siestes en fin de journée, et le soir la caféine, l’alcool, la nicotine, le sport et les dîners copieux ou riches en glucides (pâtes, sucres…) ;
- bien s’exposer à la lumière du jour ;
- avoir une activité physique régulière.
Huit conséquences des troubles du sommeil :
1. Tolérance au glucose altérée
Sans sommeil, le système nerveux central devient plus actif, ce qui empêche le pancréas de produire de l’insuline, une hormone dont le corps a besoin pour digérer le glucose. « Les jeunes gens en bonne santé sans le moindre facteur de risque, après une semaine sont dans un état prédiabétique », – a déclaré le scientifique Van Cauter, se référant aux recherches qu’il a menées sur les troubles du sommeil.
2. Relation avec l’obésité
L’hormone de croissance est libérée lors du premier cycle de sommeil profond. Les personnes âgées passent moins de temps à dormir profondément, ce qui entraîne une diminution de la sécrétion d’hormone de croissance. Le manque de sommeil à un plus jeune âge peut abaisser prématurément l’hormone de croissance, entraînant une prise de graisse plus rapide. En outre, il existe également des études qui indiquent une diminution de l’hormone testostérone, ce qui entraîne également une accumulation de graisse et une perte musculaire.
3. Augmentation des envies de glucides
En effet, les troubles du sommeil ont un impact négatif sur la production de l’hormone leptine. Cette hormone est responsable de la satiété. Avec une diminution de la production de cette hormone, votre corps aura besoin de calories (notamment sous forme de glucides), même si ses besoins sont satisfaits. Pas une bonne situation pour une personne au régime.
4. Système immunitaire affaibli
La recherche montre que les troubles du sommeil affectent négativement les globules blancs du corps humain et sa capacité à combattre les infections.
5. Risque accru de cancer du sein
Il y a des spéculations qu’il pourrait y avoir un lien entre le cancer du sein et les troubles du sommeil. La mélatonine, qui n’est libérée que la nuit, amène le corps à réduire sa production d’œstrogènes. Puisque la lumière interfère avec la libération de mélatonine (puisque la mélatonine est libérée en réponse à un manque de lumière), les niveaux d’œstrogènes peuvent augmenter. Et trop d’oestrogène contribue au cancer du sein.
6. Diminution de l’attention et de la capacité de concentration
Des expériences récentes prouvent que les personnes éveillées pendant 19 heures ont moins bien réussi les tests de performance et de vigilance que les personnes avec un taux d’alcoolémie de 0,08 (une personne perd le contrôle d’elle-même, perd la capacité de raisonner raisonnablement). De plus, cela peut entraîner des blessures dans la salle de sport, car le manque de vigilance entraîne une négligence des performances d’exercice en toute sécurité.
7. Athérosclérose
Le stress causé par un manque de sommeil entraîne une augmentation très spectaculaire des niveaux de cortisol. Ce déséquilibre peut conduire à l’athérosclérose (durcissement des artères), qui provoque une crise cardiaque. De plus, des niveaux élevés de cortisol entraînent une perte musculaire, une augmentation du stockage des graisses, une perte osseuse, une dépression, une hypertension, une résistance à l’insuline (les cellules perdent leur capacité à prendre de l’insuline) et une diminution de la production d’hormone de croissance et de testostérone.
8. Dépression et irritabilité
Le manque de sommeil entraîne également l’épuisement des neurotransmetteurs dans le cerveau qui sont responsables de la régulation de l’humeur. Pour cette raison, les personnes souffrant de troubles du sommeil sont plus irritables et ont tendance à devenir plus facilement déprimées.